Témoignage de M.A : Bonjour, je m'appelle Marcus et j'ai 15 ans, actuellement en Seconde.
À vrai dire j'ai décidé d'aller dans un lycée très loin de ma maison et du lycée de ce secteur car je voulais affirmer ma transidentité à partir de ce lycée aux yeux de tous.
Mais je savais que le lycée de ce secteur (à quelques minutes de chez moi contre mon lycée actuel à 1h de bus) accueillait surtout les élèves de mon collège qui étaient pour la majorité "transphobe et homophobe" et peu ouvert d'esprit,
j'avais reçu des insultes car j'avais les cheveux court et que j'étais une "fille".
Bref ; tous les matins, donc, je fais 1h de bus environ et 20 minutes de marche pour aller à ce lycée que je croyais le "paradis", pour enfin me faire respecter comme je suis.
Une fois au lycée, j'ai demandé à mes professeurs de m'appeler Marcus car mon prénom de naissance est un véritable enfer à vivre pour moi.
En tout cas, (c'est comme si on t'assommait à chaque fois quand j'entends ce prénom), la majorité était favorable et même deux professeurs (qui me soutiennent vraiment, je ne pourrais jamais les remercier de leurs soutiens) m'ont dit que c'était une bonne démarche et ils étaient enthousiastes de cette nouvelle.
Plusieurs personnes dans la classe ne comprenaient pas pourquoi j'avais deux prénoms ou trouvaient ça bizarre, mais je m'en fiche.
Peu de temps après, je me vois convoqué dans le bureau du directeur du lycée. Une fois dedans, celui-ci me dit que je suis une
Mademoiselle en
Quête de moi même et qu'il me sera interdit de me faire appeler Marcus au lycée.
Il a bien appuyé sur les mots féminins pour me décrire et sur le fait que jamais au grand jamais il n'y aura de Marcus dans ce lycée.
Bien sur, j'ai pleuré parce que mes espoirs étaient mis à l'eau et que j'étais stupide de croire au meilleur pendant un moment.
Alors les profs m'ont appelé Judith, tous, sauf 1 professeur qui respecte de tout coeur la transidentité. il y a aussi un autre professeur qui respecte totalement mon cas, mais qui préfère ne pas avoir de problème avec l'administration (ce que je ne peux pas lui reprocher), mais qui a quand même proposé d'éviter d'utiliser mon prénom de naissance.
Bref, ce fut les deux seuls cours qui me tenaient le plus à coeur et auxquels j'avais envie d'assister.
Donc le mois de la rentrée, après tout ce chamboulement horrible, j'ai essayé d'en finir 2 fois, oui 2 fois. Par étouffement. Mais les deux fois n'ont pas abouti car je tenais trop à une personne, et que m'imaginer souffrir, de me voir partir me faisait encore plus de mal. En tout cas, j'ai recommencé à me mutiler (poitrine, bras, cuisses, ventre) régulièrement.
J'ai réussi à me faire une petite bande d'amis qui se fichent de ce qu'il y a entre les jambes et se donnent tout le mal du monde pour m'appeler Marcus sans faire de faute. Et c'est la deuxième raison du pourquoi aller en cours (avec les deux professeurs) me fait quand même un peu sourire.
Viens alors le sport ! Grande matière que je hais plus que tout au monde. J'avais très très peur. Car je ne voudrais pour rien au monde montrer ma poitrine avec un soutien gorge de sport. Mais faire du sport avec un binder est impossible et trop douloureux.
Alors, le premier jour de sport ne sachant pas quoi faire et en paniquant, j'ai pleuré, j'ai tremblé en regardant les filles aller dans les vestiaires des filles, les hommes dans les vestiaires des hommes. Et moi au milieu de tout ça sans savoir quoi faire ni ou aller.
Je suis aller voir le prof, je lui ai expliqué mon cas (il avait vraiment l'air septique) et je lui ai demandé de pouvoir me changer dans une toilette pour handicapé (au moins même si je devais courir avec mon binder), mais, il n'y a pas de toilette pour handicapé, oui oui c'est la bonne blague. Un lycée professionnel sportif mais pas moyen pour une personne handicapée de pratiquer un sport.
Bref, cette journée était affreuse parce que je n'ai pas fait de sport, j'ai regardé les garçons courir avec leur t-shirt qui montraient leur torse sans cette masse horrible que la mienne possède.
Peu de jours après, les "Judith" qui est mon prénom de naissance, ne faisaient que résonner dans ma tête douloureusement à chaque heure de cours. D'ailleurs, une personne est venue me voir pour me poser ouvertement "t'es une fille ou un garçon en faite ?" " je sais, faut pas savoir ces choses là.. !" je n'ai pas répondu, et une fille que je ne connaissais pas lui à répondu "arrêtes ! "C'est super gênant ces questions pour une fille !". Alors j'ai répondu que j'étais transgenre et j'ai vu un mix d'expression d'incompréhension et de dégoût sur leur visage, ce qui tua mon morale de la journée et de toute la semaine.
Au fur et à mesure des jours à force d'entendre "Judith" lorsqu'on m'interrogeait ou quand je levais la main. j'ai arrêté de participer. Je me suis juste mis à écouter le cours sagement sans participer, car entendre ce nom à chaque fois était très épuisant pour moi.
Après cela vient une journée, une journée avec 2h de sport
( Entre-temps j'ai réussi à demander à mon médecin traitant de me faire une dispense pour le sport à cause de mes "problèmes" et par magie (car je croyais cela impossible) il m'a fait une dispense de sport de 1 an et à totalement bien réagit à ma transidentité.
J'ai donc eu un mot pour ne pas faire sport, de course et d'orientation. Étant dispensé, je ne cours pas et j'avais juste à marcher, chercher quelques balises avec une fille dispensée elle aussi.
Pour nous appeler, le professeur de sport a utilisé "les filles" "mademoiselle" ect... Ce qui fut horriblement humiliant pour moi. Affreusement. Il ne m'appela que "Judith" et répéta sans arrêt ce nom pour me désigne durant ces 2 heures. Mais le pire, c'est que lorsque des amis parlaient de moi, ou s'adressaient à moi avec "Marcus", le professeur les corrigeait en leur forçant à m'appeler Judith.
Je suis désolé, j'accepte que vous m'appeliez Judith mais vous allez avoir des problèmes après. Enfin il m'impose son choix, mais dans son intonation de voix, dans son regard, dans son tout, Il m'humiliait. J'avais juste envie d'une chose, de le voir partir avec mes deux pouces entre mes globes oculaires jusqu'à ce que mes ongles touchent mon cerveau.
C'est affreux, mais dîtes-vous qu'à causes de ces gens, disparaître ne me fait plus peur et que si on m'annonce que demain je meurs ; je m'en ficherais. Mes seuls voeux seront que ma fiancée puisse trouver quelqu'un de son âge, quelqu'un sans ennui. Que mes parents pleurent jusqu'à se déshydrater devant ma tombe car oui, eux aussi je ne les ai aime pas. Rien à avoir avec une crise d'adolescence, non, je ne les aime pas à cause de leurs attitudes.
Je voudrais faire cesser ces actes de transphobie, et faire un projet ou quelque chose de ce genre pour les mineurs trans, mais ou ? avec qui et comment ? pour le moment je n'ai pas de réponses à tout cela.
Merci, c'était mon témoignage, juste Marcus.
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