Témoignage D. Trans à la Maison des Femmes de Paris, dimanche 14 décembre 2014 :
J?anime un atelier de self défense depuis plus d?un mois tous les dimanches à la Maison des femmes. Ce jour là, nous avons débuté depuis une bonne demi-heure et parlons d?expériences traumatiques liées à la violence masculine.
Une personne est entrée et nous demande sans s?excuser de déranger «Qu?est ce que vous foutez là ? Vous êtes qui ?». Je me présente à elle et lui explique que c?est un atelier d?autodéfense. Elle demande donc si on a bientôt fini, ce à quoi je réponds que non car j?ai un créneau prévu avec la Maison des femmes de 14h à 16h.
La personne ne décolère pas et persiste d?un ton méprisant et hautain disant qu?il faut qu?on dégage. Je persiste quant à lui faire comprendre qu?il doit s?agir d?une simple erreur de planning qui pourra être réglée après par la Maison des femmes et lui propose de lui laisser la grande salle. Je propose donc aux participantEs de l?atelier d?aménager le couloir afin de poursuivre le cours là-bas.
Cette femme continue à me hurler dessus et à dire «encore heureux que je récupère la salle». Je lui demande de me vouvoyer, d?arrêter de crier et lui dit qu?on peux très bien parler calmement entre adultes. Sa seule réponse a été «pas de vouvoiement qui tienne, pas d?adulte qui tienne». Au cours de nos échanges je tire sur mon boxer au niveau de l?entre jambe, et là elle s?est remise à hurler de plus belle «tu te grattes quoi là, les couilles ?», je lui dis que je suis trans et que non. Elle continue, je lui demande si c?est de la transphobie et elle répond «transpho quoi ? rien à foutre».
Au bout de quelques minutes d?échanges à me faire hurler dessus et insulter, je décide de lui dire que je vais reprendre mon cours dans la grande salle, que j?ai été assez patient et que je ne veux plus essayer de parler à quelqu?un qui me hurle dessus et m?insulte. Je mets donc un panneau entre elle et moi qu?elle arrache, puis finalement s?en va.
Une autre personne est venue peu après s?excuser de son comportement.
Depuis, la MDF a suspendu mon atelier au profit de l?atelier de cette personne (qui a lieu une fois par mois) au lieu de s?arranger et de régler le problème. Une des justifications apportée : je me suis présentéE en tant qu'« elle », ce que je démens totalement, mais qui est aussi une preuve de transphobie de leur part.
Je demande des excuses écrites de la part de cette personne ainsi que des membres de la MDF pour moi et surtout pour touTEs les personnes pénaliséEs de la suspension de cet atelier.
De plus les témoins :
Nous, participantes de l'atelier de self défense féministe du 14 décembre, sommes solidaires de D. et avons été très choquée de l'agression subie par D. ce jour là.
Particulièrement fragilisées par la nature même de l'atelier, nous avons été scandalisées par le comportement de l'animatrice du cours de danse Buto.
Assistant à l'agression verbale, nous avons tenté d'intervenir sans succès. L'une de nous a voulu expliquer que nous étions en train de partager des expériences traumatiques, mais l'animatrice du cours de danse a répondu "c'est ça ouais". Nous avons eu du mal à reprendre l'atelier. Apprendre quelques jours plus tard que c'était notre atelier qui était suspendu nous a semblé aberrant.
Un atelier de self défense, à prix libre, un de ces espaces safes dont nous avons BESOIN, a été retiré, et la parole de 5 participantes et de l'animateur était mise en doute face à la parole d'une agresseuse transphobe ? est inacceptable.
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