SOS TRANSPHOBIE

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Rapport au Conseil de l'Europe : Les enfants transgenres en grande souffrance

 

Un rapport remis au Conseil de l’Europe pointe les difficultés des enfants trans' et intersexes " invisibles " et " méconnus " du grand public.

 

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Transphobie : " Thérapies de normalisation dévastatrices, harcèlement à l’école de la part de leurs camarades voire de la part du corps enseignant, rejet de la famille ou au contraire pression sociale sur les parents qui acceptent la situation de leur enfant. "

 

L'auteur de ce rapport est Erik Schneider, psychiatre et psychothérapeute, co-fondateur de Intersex & Transgender Luxembourg, commandé par le Conseil de l'Europe à la suite d'un colloque international organisé en Suisse en 2013 sur «Le droit de l'enfant et de l'adolescent à son orientation sexuelle et à son identité de genre».

 

" Des enfants qui «ressentent un décalage entre ce qu’ils se sentent être et les attentes de leur entourage fondées sur le sexe qui leur a été assigné à la naissance»."

 

Il y aurait environ un enfant trans' pour 500 personnes, selon le rapport. En France, il n'existe pas de statistiques officielles. Mais d'après une étude en ligne par HES/MAG en 2009 et citée dans le rapport, plus de 65 % des jeunes trans' de 16 à 26 ans ont déjà envisagé le suicide et près de 34 % d'entre eux auraient déjà fait une ou plusieurs tentatives.

 

Pour l’instant, la majeure partie de ces enfants reste «invisible», à la fois parce que leurs parents ne connaissent pas cette réalité et sont donc incapables de la détecter, et parce qu’il reste très difficile pour ceux qui en ont conscience de l’accepter et d’emmener leurs enfants vers une structure adaptée qui n'existe pas vraiment, puisqu'elle est ignorée des instances de l'état, des professionnels ignorants sur ce sujet brisent l'enfant pour le normaliser au sexe binaire à l'encontre des droits de l'enfant.

 

Taux de suicide deux fois plus élevés

 

Ces enfants, très souvent, ne sont pas écoutés et leurs souffrances sont déniées, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques. «Il existe un risque de suicide lorsqu’un enfant trans’ a l’impression qu’il ne peut pas vivre son moi authentique, qu’il doit étouffer ou ‘tuer’ la partie trans’ de lui-même», indique le Dr Schneider dans son rapport.

 

Erik Schneider ajoute l'explication du «mal-être» de ces enfants résiderait dans leur «incapacité de pouvoir être à l'extérieur ce qu'ils sont réellement à l'intérieur d'eux-mêmes, et que «ces état suicidaires sont le résultat d'un rejet social et de discriminations subies par ces enfants de la part de l'entourage familiale et public».

 

Torture horrible et quotidienne à l'école

 

C’est à l’adolescence, lorsque le corps change, que les souffrances sont les plus aiguës. C’est aussi à l’adolescence que les moqueries des camarades sont les plus blessantes. «Les enfants qui ne se conforment pas aux normes de genre courent un risque particulier d’être harcelés à l’école et d’y subir de la violence psychologique, physique et sexuelle», met en garde le document commandé par le Conseil de l’Europe.

 

Le rapport pointe par ailleurs des cas de harcèlement provenant du corps enseignant lui-même. «Son école n’était pas compréhensive; même quand un docteur les a informés que mon enfant était transgenre, cela n’a fait aucune différence pour eux. Le harcèlement a continué avec la même intensité, non seulement de la part des autres enfants, mais aussi de la part de certains enseignants et du directeur adjoint. A l’âge de quatorze ans, j’ai pris la décision de la retirer du système scolaire à cause de la torture horrible qu’elle subissait quotidiennement de la part des enfants et des adultes», rapporte ainsi une mère.

 

Thérapies violentes

 

Comprenant que leur enfant vit un calvaire, certaines familles finissent par se tourner vers le corps médical. Mais les médecins sont rarement tous assez bien formés ni assez conscients des enjeux. Le rapport fait ainsi état de pratiques pour le moins troublantes, appelées «corrections» par l’auteur, telles que l’ordre intimé de s’habiller autrement, ou même de marcher différemment. Une institution proposait par ailleurs à des parents de couper tout contact avec leur enfant pendant plusieurs mois, «pour que l’enfant soit brisé et reconstruit par des professionnels». Deux de ces «thérapies» ont abouti au suicide du«patient», considéré comme malade de sa transidentité.

 

Hélas, selon le docteur Schneider :  "il y a peu de témoignages car les enfants ont des réactions post-traumatiques et le système protège les gens qui appliquent ces mesures». Son rapport conclue d’ailleurs."

 

«Tant que les professionnels de santé ne reconnaissent pas la transidentité comme l’un des facteurs centraux de la suicidalité, cela les empêche de dispenser les soins adéquats aux enfants trans’ suicidaires et donne lieu à des internements psychiatriques d’une durée disproportionnée dans la plupart des cas».

 

A l'école libre choix de leur expression et identité de genre

 

Au contraire de ces méthodes coercitives ou qui nient les demandes répétées de l’enfant, le rapport suggère de recourir à des «approches acceptantes», qui privilégient l’écoute et se «distancient de la pathologisation des identités et des expressions de genre».

 

«Selon les approches acceptantes, l’enfant est laissé libre d’explorer quelle expression de genre lui correspond le mieux et la liberté lui est laissée de changer d’avis dans le parcours d’exploration de son identité», explique Erik Schneider.

 

A l’école, il convient d’accepter le prénom que les enfants ont choisi, à l’image de la loi argentine de 2012 qui impose ce respect aux institutions. Ainsi, selon une étude américaine menée sur des jeunes trans’ de 15 à 21 ans et citée par le rapport, «les taux de dépression, le sentiment d’insécurité à l’école et de non-appartenance diminuent avec l’augmentation du nombre d’environnements où les jeunes trans’ sont autorisés à utiliser leur prénom correspondant à leur identité de genre».

 

Comme le prévoit une loi californienne, les enfants trans’ doivent par ailleurs avoir le droit de participer aux activités sportives et scolaires, «conformément à leur identité de genre», intime le rapport. «Les écoles ‘bienveillantes’ acceptent la transidentité de l’enfant et vont surtout laisser à l’enfant le choix de la révéler ou non», complète Erik Schneider.

 

Bloquer la puberté

 

Sur le plan médical, de plus en plus de pays ont donc recours à des «bloquants de puberté», dont l’utilisation est sujette à débat dans la communauté médicale quant à la nécessité de leur utilisation, et si oui, à quel moment et dans quelles conditions.

 

Soulager la souffrance et former les adultes

 

Pour le docteur Schneider «il ne faut pas fixer un âge arbitraire. L’important est de regarder les besoins, de regarder comment cette personne s’exprime».

 

Le psychothérapeute avance plusieurs recommandations pour tenter de remédier aux difficultés de ces enfants «nés dans le mauvais corps». Parmi elles, la nécessité de les considérer «comme un groupe confronté à des risques psychosociaux importants» requérant une prise en compte particulière lors de l'élaboration des politiques de l'enfance, ou encore la prise en compte de «plus de deux possibilités de codage du sexe».

 

L'auteur, le docteur Schneider préconise également une formation plus adaptée des instituteurs et autre personnel des structures d'accueil scolaires et périscolaires à la prise en charge des enfants trans'. Il propose enfin d'inclure «les questions de transidentité, abordées sous un jour positif, dans les manuels scolaires» pour permettre d'informer les autres élèves sur le sujet et de combattre la discrimination.

 

Lire l'intégralité du rapport et de ses témoignages publié au Conseil de l'Europe :

FRA : Rapport pour le respect des droits des enfants trans et intersexes en Europe

EN  : Rapport for respect for the rights of trans and intersex children in Europe

 



20/12/2014
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